L’exposition « Rire à pleines dents. Six siècles de satire graphique » présentée au Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration comble une véritable lacune. En effet aucune exposition sur ce sujet n’a encore été présentée dans un musée de France. Depuis son ouverture en 2007, le musée strasbourgeois poursuit ainsi son objectif de faire découvrir l’histoire de l’illustration dans tous ses registres. Il propose cette fois un parcours de près de 200 œuvres originales et documents, provenant de collections privées ainsi que de nombreuses institutions muséales et bibliothèques en Europe.  La satire graphique est présente dès l’Antiquité, puis au Moyen Âge, mais c’est à la Renaissance, portée par l’invention de la gravure et de l’imprimerie, qu’elle éclot véritablement. Ses procédés, de l’allégorie à la métamorphose, font mouche et aboutissent à de nombreuses variations autour du grotesque et de la caricature. Elle est alors une arme idéologique en images dans les luttes confessionnelles entre protestants et catholiques et dès lors, ne va plus cesser de refléter le contexte social, politique et religieux occidental, tout en s’exposant périodiquement à la censure. De la Réforme au XVIIIe siècle, la satire graphique va atteindre des sommets d’efficacité visuelle. À partir du XIXe siècle, notamment en France, l’essor de la presse et la mise au point de la lithographie favorisent l’expansion de ce moyen d’expression qui envahit tous les supports. Du XXe siècle à nos jours, ses thématiques interpellent par la violence de certaines images, en écho aux préoccupations du temps. De nombreux artistes, reconnus ou demeurés anonymes, de Goya à Ungerer, de Grandville à Steinberg, en passant par Stimmer et Weiditz, se sont livré à la satire de leur époque : cette exposition les confronte par-delà les siècles en dialogues parfois étonnants et toujours percutants.